Surexploitation et exportations massives de bauxite : un frein majeur au développement minier durable en Guinée.

« Le volume des exportations de bauxite a enregistré une hausse de 36 % au premier semestre 2025 par rapport à la même période l’an passé soit 26,4Mt de plus (selon les statistiques du ministère des mines)».

Cette hausse impressionnante qui, paradoxalement, illustre aussi les limites de notre modèle actuel. Cette croissance rapide, reposant sur l’exportation brute, va à l’encontre des principes d’une industrie minière durable et inclusive. »

Ce modèle extractif « FROM PIT TO BOAT » hérité de la colonisation freine l’émergence d’une véritable industrie de transformation locale.

• Pour que notre richesse minière contribue pleinement à la prospérité économique et sociale, il est impératif de revoir les pratiques actuelles en limitant ce pillage et instaurer une gestion responsable des ressources vers la création de chaînes de valeurs.

Une question doit interpeller notre ambition collective :

« La bauxite, dont l’exploitation s’intensifie du nord-ouest jusqu’au centre du pays, sera-t-elle le levier principal de notre stratégie ?» Non, le disait M. Ismaël Diakité

Rappelons qu’en matière de gestion durable de ressources naturelles non renouvelables, la CBG est un exemple concret et inspirant. L’un des plus emblématiques reste la concession minière initiale de la CBG. Dès son octroi, à la première décennie de notre indépendance, la Guinée avait posé les bases d’une gestion durable : une exploitation progressive, planifiée pour protéger nos ressources et en faire un levier de développement au bénéfice des générations futures. Cette vision repose sur des principes simples :

• Faire des partenaires miniers de véritables gardiens responsables de l’intégrité et de l’inviolabilité de nos concessions, afin de prévenir toute exploitation anarchique ou prédatrice.
• Faire de notre potentiel minier un atout géostratégique majeur, consolidant la place de la Guinée dans la géopolitique des ressources critiques.
• Promouvoir un développement minier durable dans les territoires, avec des pôles régionaux et des corridors de croissance ;

Notre vraie richesse ne réside pas uniquement dans le sous-sol, mais dans la capacité de notre jeunesse à innover, à transformer et à défendre nos intérêts dans une économie mondiale de plus en plus concurrentielle.

Gardons le contrôle de nos ressources, restons vigilants face aux logiques spéculatives et continuons à bâtir une politique minière responsable, inclusive et durable, au service du développement national.

Par Lamarana Diallo, Ingénieur minier, M.Sc.A

Consultant en développement minier Durable

Données compilées par eMG