Colloque du RIAFCO à Conakry : Réflexion panafricaine sur le financement du développement local à partir des ressources minières
La capitale guinéenne accueille ce mardi et mercredi un important colloque international centré sur le financement du développement local grâce aux ressources minières. Ce rendez-vous se tient en marge de l’Assemblée générale du Réseau des Institutions Africaines de Financement des Collectivités (RIAFCO).Organisé par l’Agence Nationale de Financement des Collectivités (ANAFIC), en collaboration avec le RIAFCO, l’événement réunit plus de 200 participants venus de 15 pays africains, dont le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Sénégal, le Mali, le Niger ou encore Madagascar.
Le thème principal – « Comment mobiliser les ressources minières au service d’un développement local inclusif, durable et équitable ? » – ambitionne de briser le paradoxe africain : une richesse minérale abondante coexistant avec une pauvreté chronique.
Dans son discours d’ouverture, le ministre guinéen de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation, le Général Ibrahima Kalil Condé, a souligné l’urgence de repenser la gouvernance des ressources naturelles. « Ce paradoxe interpelle notre conscience collective. Il nous oblige à renforcer les mécanismes de gouvernance minière pour garantir une répartition équitable des revenus. La Guinée, riche en bauxite, fer, or et diamants, s’inscrit dans une dynamique forte de décentralisation », a-t-il affirmé.
Le ministre a salué les efforts en cours à travers des instruments comme le Fonds National de Développement Rural (FNDR) et le Fonds de Développement Local (FODEL), tout en appelant à une gestion plus rigoureuse, transparente et participative de ces mécanismes. « Le développement local ne sera une réalité que si l’on donne aux collectivités locales les moyens d’agir, les compétences adéquates et les ressources financières suffisantes. »
Créé en 2014, le RIAFCO fédère des institutions africaines de financement des collectivités locales. Selon son responsable, Fidèle A. Yapi, l’organisation s’articule autour de trois axes majeurs : le renforcement des capacités des IFCL, la coopération entre pairs, et le plaidoyer pour un meilleur accès aux financements internationaux, notamment ceux liés au climat.« Aujourd’hui, plus de 6 000 collectivités africaines sont accompagnées par les IFCL membres du RIAFCO, soutenues par 1 500 agents formés à la gestion territoriale », a-t-il précisé.
Le colloque de Conakry s’inscrit dans une série entamée à Bamako (2021), suivie d’Abidjan, Rabat, Antananarivo et Yaoundé. Il vise à partager les avancées, échanger sur les défis, et dégager des solutions concrètes pour une meilleure appropriation des ressources minières par les territoires.
Prenant la parole à son tour, le ministre des Mines et de la Géologie, Bouna Sylla, a salué la portée stratégique du colloque.« À l’instar de l’Arabie Saoudite ou des Émirats Arabes Unis qui ont su tirer parti de leurs hydrocarbures pour financer le développement humain, la Guinée veut transformer ses ressources minières en richesses durables au service des populations. C’est le cap fixé par le Président de la République. »
Le Directeur général de l’ANAFIC, Sékou Mawa Touré, a pour sa part mis l’accent sur le projet Simandou, présenté comme l’un des plus grands projets miniers du continent. « L’ANAFIC s’engage à mobiliser les retombées du projet Simandou pour accompagner les communes concernées. Nous coordonnons la mise en œuvre des projets locaux avec rigueur, responsabilité et transparence, en étroite collaboration avec le ministère des Mines et le MATD. »
L’ambition commune des participants : faire du capital minier africain un moteur de développement territorial durable, équitable et inclusif.
La Rédaction Politique