Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire : CAP CI mise sur la pression populaire pour rééquilibrer le jeu électoral
Abidjan – À six mois d’une élection présidentielle qui s’annonce décisive, la tension monte entre le pouvoir en place et une opposition en quête de crédibilité électorale. La Coalition pour l’alternance pacifique en Côte d’Ivoire (CAP CI) change de braquet et opte pour une stratégie de confrontation maîtrisée : dialogue politique exigé, pression populaire planifiée, et remise en cause frontale des institutions électorales.
Une offensive politique calculée
Constituée en mars 2025, la CAP CI est bien plus qu’un regroupement d'opposants. Elle est devenue, en l’espace de quelques semaines, le principal pôle de résistance électorale face au pouvoir d’Alassane Ouattara. Emmenée par des figures de poids comme Pascal Affi N’Guessan, Charles Blé Goudé, Tidjane Thiam, et portée au micro par Simone Gbagbo, l’ex-première dame, la coalition veut peser sur le calendrier politique. Son message est clair : sans réforme profonde du système électoral, il n’y aura ni légitimité, ni paix durable.
Derrière la CEI, la bataille de la confiance
Le cœur de la discorde : la Commission électorale indépendante (CEI), que CAP CI accuse d’être inféodée au pouvoir. « C’est une coquille vide sans légitimité », tranche Simone Gbagbo. Depuis le retrait de ses membres issus de l’opposition, la CEI fonctionne sans contrepoids, nourrissant les soupçons de partialité. CAP CI réclame la dissolution pure et simple de l’institution, remplacée par un organe véritablement indépendant, sans représentation politique directe. Une demande qui, au-delà du symbole, vise à restaurer la confiance dans le processus électoral.
Un fichier électoral sous haute tension
Au-delà des structures, c’est le contenu du jeu électoral qui est contesté. La CAP CI exige un audit indépendant du fichier électoral, qu’elle soupçonne d’irrégularités massives. Elle veut surtout la réintégration de plusieurs personnalités majeures – Laurent Gbagbo, Guillaume Soro, Charles Blé Goudé – exclues du jeu par des décisions administratives ou judiciaires controversées. En ligne de mire également : l’éligibilité de Tidjane Thiam, une candidature que certains cercles proches du pouvoir chercheraient à entraver.
Le 31 mai, un tournant dans la rue ?
C’est sur le terrain que CAP CI compte désormais déplacer la bataille. Un grand meeting populaire est annoncé le 31 mai à Abidjan, orchestré par Charles Blé Goudé. L’événement s’annonce comme un test de mobilisation et une démonstration de force. En amont, des mini-rassemblements de proximité se multiplient dans les quartiers populaires, sur fond de message de paix mais de fermeté. L’opposition cherche à sortir du cadre institutionnel pour rallier l’opinion publique à sa cause.
Le pouvoir joue la montre
Du côté du gouvernement, le ton reste apaisant. Le porte-parole Amadou Coulibaly assure que le cadre démocratique est respecté et que les élections se tiendront « dans la sérénité ». Mais le rappel au dialogue politique clos en 2022 sonne creux face aux nouvelles revendications. CAP CI juge ce processus périmé et réclame un cadre élargi, avec la société civile en arbitre. Le temps presse, et l’équation reste ouverte : concéder des réformes pour préserver la paix, ou risquer l’impasse institutionnelle.