Le rapport 2024 de l’indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique (IIAG), publié le mercredi 23 octobre, dresse un bilan préoccupant pour la majorité des pays africains, y compris la Guinée. Cet indice, qui mesure la performance de 54 États africains en matière de gouvernance publique, a révélé une stagnation, voire une dégradation de la gouvernance globale sur le continent entre 2014 et 2023, notamment dans des domaines cruciaux comme la sécurité, l'État de droit, et la participation démocratique.
La situation en Guinée selon l’IIAG
La Guinée, qui avait déjà fait face à des défis en matière de gouvernance, voit sa position se détériorer dans plusieurs dimensions analysées par le rapport. Entre 2014 et 2023, les performances de la Guinée ont notamment été affectées par une instabilité politique marquée par des transitions fréquentes, des conflits sociaux et une méfiance croissante des citoyens à l’égard des institutions publiques.
Sur le plan sécurité et État de droit
La Guinée a connu une dégradation dans cette catégorie,
exacerbée par l’instabilité politique et les tensions sociales. Le rapport met
en lumière un affaiblissement de l'État de droit et un rétrécissement des
espaces démocratiques, alimentés par des cycles de manifestations souvent
réprimées et une insatisfaction croissante de la population.
La participation démocratique et droits humains
Selon l’IIAG 2024, la Guinée affiche une performance
déclinante dans la participation démocratique et les droits humains. Le recul
de la participation politique des citoyens, notamment après les tensions
électorales de ces dernières années, a contribué à cette baisse. Le pays reste
également confronté à des défis liés au respect des droits humains et aux
libertés fondamentales, qui continuent de cristalliser les préoccupations de la
société civile.
Développement économique durable
Dans ce domaine, bien que la Guinée possède des
ressources naturelles importantes, la gestion de ces ressources n'a pas conduit
à une amélioration significative des conditions économiques. Le rapport note
que les citoyens ressentent une grande insatisfaction face aux opportunités
économiques limitées et au chômage, alimentant ainsi les frustrations sociales.
Perception citoyenne en Guinée
L'un des aspects clés du rapport concerne le fossé entre les données objectives et la perception des citoyens. En Guinée, comme dans d’autres pays africains, les citoyens expriment une insatisfaction croissante face aux dirigeants et aux politiques publiques. La perception de l'insécurité et des difficultés économiques est particulièrement forte, avec une baisse de la confiance envers les institutions publiques et une demande accrue pour une meilleure gouvernance.
Les progrès et défis persistants
Malgré cette tendance générale à la détérioration, le rapport IIAG reconnaît des progrès dans certaines sous-catégories, telles que les infrastructures et l’égalité entre hommes et femmes. Cependant, ces avancées restent insuffisantes pour compenser la régression dans les autres dimensions essentielles de la gouvernance. La Guinée, comme d'autres pays africains, est confrontée à la nécessité de renforcer la transparence, l'État de droit et de restaurer la confiance des citoyens pour stabiliser et développer le pays.
Des perspectives incertaines pour la Guinée ?
Le rapport IIAG 2024 souligne que la Guinée doit relever de nombreux défis pour améliorer sa gouvernance. Les réformes structurelles et la restauration d’un environnement politique apaisé seront cruciales pour inverser la tendance négative observée ces dernières années. Pour Mo Ibrahim, la Guinée, comme beaucoup d'autres États africains, doit tirer parti des données et des recommandations fournies par ce rapport pour construire un avenir plus stable et démocratique.
Ce rapport place également la Guinée devant un choix : continuer sur la voie de la dégradation ou saisir l’opportunité de réformer en profondeur ses institutions pour répondre aux aspirations de sa population.