Bah Oury exige des comptes à Alpha Condé : "Kaleta ne nous appartient pas... Où sont passés les 700 millions de dollars de Rio Tinto ?"
Le Premier ministre Bah Oury a lancé une attaque frontale contre la gestion du secteur énergétique sous le régime d'Alpha Condé, pointant du doigt des dysfonctionnements majeurs et une mauvaise utilisation des ressources publiques. Alors que l’ancien président se félicitait d'avoir assuré une fourniture continue d'électricité pendant plusieurs années, Bah Oury remet en cause l'efficacité de cette politique, soulignant le coût exorbitant pour la Guinée.
Un secteur énergétique « sans fond »
Dans une déclaration musclée, Bah Oury a dénoncé la manière dont les ressources publiques ont été englouties dans un secteur énergétique qu'il décrit comme un gouffre financier. "Nous avions le courant électrique, mais à quel prix ?", s'interroge le Premier ministre, avant de poursuivre : "Le secteur de l'électricité absorbe près des deux tiers des ressources publiques. C'est comme tenter de remplir un tonneau sans fond."
Il pointe du doigt des décisions politiques qui, selon lui, ont conduit à une situation où le pays est financièrement exsangue, tout en continuant à subir les conséquences d'une gestion inefficace. "Cela a épuisé les finances publiques de notre pays", martèle-t-il.
Les zones d’ombre autour de Kaleta et Rio Tinto
L'une des accusations les plus graves formulées par Bah Oury concerne la gestion du projet Kaleta, symbole du développement énergétique sous Alpha Condé. Selon le Premier ministre, la centrale hydroélectrique ne serait même pas propriété de la Guinée, contrairement à ce que beaucoup pensaient. "Kaleta ne nous appartient pas. Est-ce que la population guinéenne le savait ? Moi, je ne le savais pas", déclare-t-il, visiblement outré.
Il pointe également l'opacité autour des fonds de 700 millions de dollars versés par Rio Tinto, supposés financer le projet Kaleta. "On m’a dit que les 700 millions de dollars de Rio Tinto étaient destinés à Kaleta. Et quelques années plus tard, on se rend compte que c’est autre chose. Où sont passés ces 700 millions de dollars ?", questionne Bah Oury, insinuant un détournement potentiel des fonds.
Un avenir énergétique incertain
Face à cette situation, Bah Oury se montre résolu à opérer un changement. Il promet une évaluation complète de la gestion du secteur de l'électricité sous Alpha Condé, appelant à une transparence totale. "Le ministre en charge de ce secteur fera un point systématique sur les dix années de gestion", annonce-t-il.
Le Premier ministre projette par ailleurs un avenir énergétique plus durable pour la Guinée, avec l'introduction de projets d’énergie solaire. "Dans les 10 mois à venir, il y aura à peu près 700 mégawatts d’énergie solaire", promet-il, tout en reconnaissant que cette solution à elle seule ne suffira pas à combler les besoins énergétiques du pays.
Une population résiliente
Bah Oury a également salué la résilience du peuple guinéen, qui a enduré de nombreuses difficultés liées à la crise énergétique. Il se veut optimiste pour l'avenir, affirmant que la Guinée ne connaîtra plus de telles périodes de pénurie. Toutefois, il est clair que des réformes profondes et une gestion rigoureuse seront nécessaires pour garantir une stabilité durable du secteur énergétique.
En exigeant des comptes sur les fonds et la gestion du secteur sous Alpha Condé, Bah Oury ne se contente pas de dresser un bilan sévère du passé : il cherche à poser les bases d'un futur où la transparence et l'efficacité prendront le dessus sur les dysfonctionnements du passé.