Révision constitutionnelle en RDC : un enjeu de souveraineté ou une manœuvre politique ?

Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a réitéré sa volonté de modifier la Constitution, jugée "dépassée" et "élaborée par des étrangers". Lors d'un discours à Kisangani, il a affirmé que le texte actuel, en vigueur depuis 2006 et révisé en 2011, ne reflète plus les réalités de la nation congolaise. Cette initiative s'inscrit dans un contexte où plusieurs chefs d'État africains ont utilisé des révisions constitutionnelles pour prolonger leur pouvoir. Si Tshisekedi insiste sur la nécessité d’une Constitution "adaptée aux réalités du Congo", ses opposants redoutent une stratégie visant à modifier la limitation des mandats présidentiels, actuellement fixée à deux.

 

Souveraineté ou continuité du pouvoir ?

Le projet de révision constitutionnelle est présenté par le président congolais comme un acte de souveraineté. Tshisekedi affirme que la Constitution actuelle, imposée lors de la période de transition post-conflit en RDC, ne répond plus aux besoins de la population. "Il n'y a pas d'urgence", a-t-il cependant précisé, affirmant que le processus ne devrait pas diviser le pays. Il prévoit la mise en place, en 2025, d’une commission nationale pour rédiger un nouveau texte constitutionnel.

 

Toutefois, cette démarche soulève des interrogations. Pour les opposants, cette révision pourrait être une stratégie politique visant à permettre au président de rester au pouvoir au-delà des deux mandats prévus. Une crainte qui trouve écho dans d’autres pays africains, où des changements constitutionnels ont été utilisés pour contourner les limites imposées aux mandats présidentiels.

 

Un contexte de méfiance

L’opposition congolaise a exprimé sa méfiance quant à ces intentions. Plusieurs figures politiques rappellent que le pays a déjà vécu des périodes de réformes constitutionnelles qui ont servi d’instrument pour consolider le pouvoir de dirigeants en place. En effet, la limitation des mandats est l’un des piliers fondamentaux des démocraties africaines, souvent mis à mal par des révisions constitutionnelles opportunistes.

 

Dans ce contexte, l’initiative de Tshisekedi, bien qu’elle se veuille un acte de souveraineté, est perçue par certains comme une manœuvre politique visant à prolonger son influence au-delà de ce qui est prévu par l’actuelle Constitution.

 

Un pari risqué ?

Le défi pour Tshisekedi sera donc de convaincre tant la population que la communauté internationale que cette réforme est réellement motivée par un souci d'adaptation aux réalités du pays, et non par un désir de maintenir son pouvoir. La mise en garde adressée aux "ennemis du Congo" dans son discours reflète également un climat politique tendu, où les accusations de manipulation politique pourraient aggraver la situation.

 

La mise en place d’une commission en 2025 laisse du temps pour observer les développements, mais aussi pour analyser l’impact de cette révision dans un pays où la stabilité politique demeure fragile.

 

Ainsi, la révision constitutionnelle annoncée par Félix Tshisekedi pose une question fondamentale : servira-t-elle les intérêts de la nation ou ceux du pouvoir en place ? Le débat reste ouvert.

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